Poissons et larmes: rituel de renaissance et symbolisme dans les textes, l'art et les pratiques funéraires égyptiens.
Alessandra Colazilli  1@  
1 : Sapienza, Università di Roma

L'assonance des mots rmwt et rmw, larmes et poissons, est une partie du symbolisme du voyage vers une nouvelle vie. L'importance des larmes dans la mythologie égyptienne ne regarde pas seulement leur caractère créatif et régénérant mais aussi les jeux de mots et de significations mis en acte dans les textes. Dans le Livre de Nut (Papyrus Carlsberg I) des larmes, en tombant dans l'eau du Duat, se transforment en poissons qui se purifient à travers l'eau même, pour s'élever dans le ciel en forme d'étoiles. Le texte évoque un rituel de passage comparable à celui de la lamentation funèbre où les larmes deviennent un moment incontournable pour rejoindre la vie éternelle. Les larmes devenues poissons ne sont que le symbole du défunt qui doit voyager dans l'au-delà pour se purifier. Même si d'époque très tardive, le papyrus Carlsberg ne fait que rappeler des conceptions bien enracinés dans la pensée égyptienne. Le soi-disant « wasserberg », souvent représenté sur les parois des tombes, avec les deux poissons, abdw et inet, symboles des deux étapes de la renaissance, le défunt momifié et le défunt revivant, ne fait que rappeler le texte du papyrus. En effet le culte des poissons est bien attesté dès l'Ancien Empire grâce à le mythe et surtout à la découverte de poissons momifiés, amulettes et d'autres objets de culte retrouvés dans les temples et les tombes et qui prouvent la liaison entre mythe et culte funéraire.

A travers l'analyse des textes et du symbolisme du poisson dans la religion et l'art égyptiens, sans oublier les rituels funéraires, on veut expliquer comment les larmes et les poissons sont devenus symboles de vie et surtout deux éléments d'une dichotomie qui précède et, au même temps, représente le moment de la renaissance.

 


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